Mélusine a écrit
...Oui difficile de dire avec des mots, de comprendre les mots parfois.
Encore des mots, dis-tu cher Viator, et pourtant c'est bien par le langage que l'on communique nos idées, nos pensées, nos analyses...
Comment "dire" en effet l'idée de Dieu, comment parler de non dualité en s'incarnant dans le langage...
Précisément comme tu le dis si justement en s'incarnant dans les mots, en les faisant redevenir vivants dans notre corps, en les laissant reprendre une véritable signification.
J'aime cette idée du mot vivant, et comprendre revient bien à saisir, comme à pleine main, cette matière du langage.
Les mots deviennent alors ressentis et retrouvent du sens.
C'est comme un texte musical. Au-delà des notes nécessaires pour communiquer une idée musicale, la matière organique de la musique
La matière organique de la musique, nous touche.
écrire
Re: écrire
Les mots, le texte écrit ont pour seule fonction de renvoyer aux choses, tout comme la partition a besoin d'une interprétation pour devenir musique...
Ceci est aussi bien valable pour celui qui lit que pour celui qui écrit. Bien entendu, si nous choisissons d'échanger ainsi par l'intermédiaire de ce forum, il faut bien que nous usions du langage, dans sa forme la plus abstraite, c'est-à-dire sans les mimiques, les intonations, tous ces signes du corps qui apparaissent dans un échange vivant, et qui en disent long sur ce que, véritablement, celui qui parle exprime, celui qui écoute entend. Je ne peux que choisir des mots qui ont à peu près le même sens pour tous ceux qui sont susceptibles de me lire ici. Ça ne marche pas forcément à tous les coups, mais c?est sans importance au fond ; ce qui est important c?est de le tenter, du mieux qu'il m'est possible.
D?une certaine manière, je prends tous ces échanges comme une sorte de jeu, mais que je joue sans compromission, et avec le maximum de sérieux. Dans cette optique, développer des idées, argumenter ne sont pour moi que des manières de jouer le jeu... Or ce jeu comporte des pièges, assez insidieux, et qu'il convient de débusquer : celui de l'argumentation pour avoir "le dernier mot" par exemple, ou même simplement parce qu'on se laisse emporter par une idée qui se décroche en quelque sorte du ressenti, de l'émotion ? bref du corps. Disons que je joue le jeu avec tant d?entrain qu'il peut m'arriver, parfois, de me prendre au jeu : ça commence par un ressenti, une intuition, la pensée dialogue avec elles, et c?est un jeu honnête. Et puis l'enthousiasme de la pensée submerge et emporte le joueur... Thierry Vissac me faisait remarquer un autre piège, qu'il convient également de déjouer : les mots cachent assez souvent, de manière parfois très subtile, une histoire (une peur, un attachement...) que je ne peux, ou que je ne veux pas voir, notamment lorsque je reste au niveau du discours ou de l'échange intellectuels.
...Au final, ne jamais oublier que le mot est toujours en retard sur le réel, fige le courant de la vie, et que le meilleur discours reste au fond, lorsqu'on dialogue sur l'essentiel, la suspension du discours. Le premier voyage, qui se terminait à la lettre Z, se fermait ainsi sur le silence. Et je t'avoue que j'ai quelque peu hésité avant d'entreprendre ce deuxième voyage, avant de laisser s'épancher une deuxième fois ce flot imprévisible et ensorceleur des mots sur un forum...
Ceci est aussi bien valable pour celui qui lit que pour celui qui écrit. Bien entendu, si nous choisissons d'échanger ainsi par l'intermédiaire de ce forum, il faut bien que nous usions du langage, dans sa forme la plus abstraite, c'est-à-dire sans les mimiques, les intonations, tous ces signes du corps qui apparaissent dans un échange vivant, et qui en disent long sur ce que, véritablement, celui qui parle exprime, celui qui écoute entend. Je ne peux que choisir des mots qui ont à peu près le même sens pour tous ceux qui sont susceptibles de me lire ici. Ça ne marche pas forcément à tous les coups, mais c?est sans importance au fond ; ce qui est important c?est de le tenter, du mieux qu'il m'est possible.
D?une certaine manière, je prends tous ces échanges comme une sorte de jeu, mais que je joue sans compromission, et avec le maximum de sérieux. Dans cette optique, développer des idées, argumenter ne sont pour moi que des manières de jouer le jeu... Or ce jeu comporte des pièges, assez insidieux, et qu'il convient de débusquer : celui de l'argumentation pour avoir "le dernier mot" par exemple, ou même simplement parce qu'on se laisse emporter par une idée qui se décroche en quelque sorte du ressenti, de l'émotion ? bref du corps. Disons que je joue le jeu avec tant d?entrain qu'il peut m'arriver, parfois, de me prendre au jeu : ça commence par un ressenti, une intuition, la pensée dialogue avec elles, et c?est un jeu honnête. Et puis l'enthousiasme de la pensée submerge et emporte le joueur... Thierry Vissac me faisait remarquer un autre piège, qu'il convient également de déjouer : les mots cachent assez souvent, de manière parfois très subtile, une histoire (une peur, un attachement...) que je ne peux, ou que je ne veux pas voir, notamment lorsque je reste au niveau du discours ou de l'échange intellectuels.
...Au final, ne jamais oublier que le mot est toujours en retard sur le réel, fige le courant de la vie, et que le meilleur discours reste au fond, lorsqu'on dialogue sur l'essentiel, la suspension du discours. Le premier voyage, qui se terminait à la lettre Z, se fermait ainsi sur le silence. Et je t'avoue que j'ai quelque peu hésité avant d'entreprendre ce deuxième voyage, avant de laisser s'épancher une deuxième fois ce flot imprévisible et ensorceleur des mots sur un forum...
Re: écrire
Mais que vaudrait le silence s'il n'y avait pas de mots ensorceleurs ?
Re: écrire
En quoi la beauté des mots, ou la beauté tout court, peut-elle constituer vraiment un piège ? Qui ou quoi est piégé ?
Je sens comme une touche de jugement moral, qui m'intrigue au pays de la non-dualité.
Je sens comme une touche de jugement moral, qui m'intrigue au pays de la non-dualité.
Re: écrire
La beauté d'un mot, d'une calligraphie, même si le sens intellectuel nous échappe, reste relié je crois à ce qu'incarne ce mot?
La beauté peut être visuelle pour une calligraphie, ou sonore pour un mot.
Je me souviens avoir été saisie d'émotion en écoutant un poète gallois lire des textes dans sa langue, des poèmes.... C'était magnifique et je ne comprenais rien du texte. C'est vrai que le lecteur était un "interprète" dont la voix permettait de rentrer dans cette beauté.
Seule face à ce texte, je serais restée en dehors de toute approche je pense.
Mais est ce un piège de se laisser entraîner dans ces sensations que provoquent les mots écrits?
Je ne pense pas, c'est une façon de saisir un moment, une impression autour d'une idée, même si le sens intellectuel complet nous échappe ...
La beauté peut être visuelle pour une calligraphie, ou sonore pour un mot.
Je me souviens avoir été saisie d'émotion en écoutant un poète gallois lire des textes dans sa langue, des poèmes.... C'était magnifique et je ne comprenais rien du texte. C'est vrai que le lecteur était un "interprète" dont la voix permettait de rentrer dans cette beauté.
Seule face à ce texte, je serais restée en dehors de toute approche je pense.
Mais est ce un piège de se laisser entraîner dans ces sensations que provoquent les mots écrits?
Je ne pense pas, c'est une façon de saisir un moment, une impression autour d'une idée, même si le sens intellectuel complet nous échappe ...
Re: écrire
Merci, chère amies, pour ces observations !