Le froid est arrivé ces derniers jours, et bientôt vont souffrir ceux qui n'ont pas de feu sous leur toit, ni même de toit au dessus de leur tête. Bientôt, comme tous les hivers, des hommes et des femmes qui s'endormiront sous de précaires abris de carton ne se réveilleront pas, et nul ne s'en sera aperçu...
Existent-ils seulement, ceux qui ne sont ainsi remarqués par personne ? La valeur que je donne à autrui n'est-elle pas la condition même de son existence ? N'est-ce pas parce que tu me vois comme un autre toi-même que j'existe en tant que moi-même ? Le "moi" est ainsi, fondamentalement, un être social : sans le regard des autres "moi", il n'est pas.
Pour le sens commun, quelque chose existe, à quoi je donne ou non, mais après coup, de la valeur. Or cette carte du V nous dit exactement l'inverse : à l'origine de l'existence de quelque chose, est la valeur qui lui a été donnée.
sous les cartons...
Re: sous les cartons...
Sous les cartons des grandes métropoles européennes des vies brisées...
Pour certains une succession de ruptures qui les ont peu à peu décalé de toute sensation d'appartenance à.... une profession, une vie familiale, un groupe social, au monde tel que nous l'entendons...
Ami couché sous ton carton, je te vois, tu existes dans mon monde, dans mon esprit, je te sens être un autre moi, je peux te tendre la main... Mais toi, te sens tu être "un autre moi" ?
Ainsi, je vois cet ami comme un autre moi-même et à mes yeux il existe en tant que lui-même... Mais il me semble que pour certains, "je" n'existe pas dans "son monde", tout sentiment d'appartenance à ... ayant été peu à peu gommé....
Ne se sentant plus "relié", dans un processus "hors de"... cheminant vers la destruction inévitable du "je", se soustrayant ainsi aux mains tendues...
Voir et se sentir vu consciemment pour que le lien existe : communication entre 2 "Je", 2 "moi", pour que le lien fondamental d'être social puisse exister et inter-agir, chacun reconnaissant l'autre dans sa valeur d'humain...
Ainsi ami, emporté par le froid, ne t'es tu pas soustrais peu à peu au regard du monde sous ton carton ?
Disparaissant peu à peu à toi même...puis à la vie ?
Pour certains une succession de ruptures qui les ont peu à peu décalé de toute sensation d'appartenance à.... une profession, une vie familiale, un groupe social, au monde tel que nous l'entendons...
Ami couché sous ton carton, je te vois, tu existes dans mon monde, dans mon esprit, je te sens être un autre moi, je peux te tendre la main... Mais toi, te sens tu être "un autre moi" ?
Ainsi, je vois cet ami comme un autre moi-même et à mes yeux il existe en tant que lui-même... Mais il me semble que pour certains, "je" n'existe pas dans "son monde", tout sentiment d'appartenance à ... ayant été peu à peu gommé....
Ne se sentant plus "relié", dans un processus "hors de"... cheminant vers la destruction inévitable du "je", se soustrayant ainsi aux mains tendues...
Voir et se sentir vu consciemment pour que le lien existe : communication entre 2 "Je", 2 "moi", pour que le lien fondamental d'être social puisse exister et inter-agir, chacun reconnaissant l'autre dans sa valeur d'humain...
Ainsi ami, emporté par le froid, ne t'es tu pas soustrais peu à peu au regard du monde sous ton carton ?
Disparaissant peu à peu à toi même...puis à la vie ?
Re: sous les cartons...
Oui, tout ceci est profondément juste chère Apolline ! Il est vrai que lorsque l'autre disparait ainsi de mon regard, c'est dans le même mouvement moi qui disparaît du sien. Comment, lorsqu'il n'est plus tout à fait un "toi" pour moi, serais-je toujours un "toi" pour lui ? Cette absence d'autrui, comme sa présence d'ailleurs, est ainsi ressentie de manière totalement réciproque, et la solitude de celui qui meurt de froid sous ses cartons répond à celle de l'autre, qui passe indifférent dans son manteau de fourrure. Celui qui subit cette solitude, cependant, est impuissant face à elle, à la différence de celui qui ne s'y arrête pas, qui ne la voit pas. L'un a été enfermé, soustrait de l'humanité par l'autre, qui dans le même temps s'enferme lui-même dans son propre égoïsme. Le malheureux sous ses cartons est annihilé, et celui qui le nie, par le fait même, se nie lui même. Lequel des deux est le plus humain, le plus paradoxalement, le plus douloureusement humain ?..