l'écoute
Re: l'écoute
Pas facile d'admettre cela, la disparition du sujet et de l'objet, ou de celui qui qui écoute et de ce qui est écouté, qui s'effacent ou se confondent, tant que je n'en ai pas fait personnellement l'expérience, me semble-t-il.
Lire ou écouter le témoignage d'autrui sur la non dualité ne suffit pas.
Lire ou écouter le témoignage d'autrui sur la non dualité ne suffit pas.
Re: l'écoute
Cela ne suffit pas, c'est évident chère Marion, et si un témoignage peut donner envie à celui qui le reçoit d'ouvrir sa porte et de cheminer lui-même vers ce dont il témoigne, il aura accompli la plus haute tâche qu'il lui soit donnée d'accomplir...
Re: l'écoute
Tout à fait d'accord, cher Viator et merci pour ton témoignage.
En fait, il serait intéressant (désolée si ma question te paraît indiscrète) de savoir comment tu as pu faire l'expérience une première fois de cette non dualité, puis d'autres fois.
En fait, il serait intéressant (désolée si ma question te paraît indiscrète) de savoir comment tu as pu faire l'expérience une première fois de cette non dualité, puis d'autres fois.
Re: l'écoute
Il n'y a rien d'indiscret dans une telle question chère Marion, et rien de mystérieux dans cette non-dualité que j'évoque. Je suis très loin de considérer que ce domaine soit réservé à quelques initiés qui ont eu, au choix, la chance d'être touchés par la grâce, ou le mérite d'avoir longtemps travaillé sur eux-mêmes... Il s'agit d'une expérience très ordinaire, dont il suffit juste de prendre conscience, notamment lorsqu'elle se présente spontanément.
Ne t'es-t-il jamais arrivé de te trouver devant un paysage qui te "coupe le souffle", en face duquel tes pensées semblent se suspendre : dans ces situations, n'as-tu pas remarqué qu'il n'y avait plus de perception d'un paysage par une conscience, plus de séparation entre un observateur et un observé, pas même d'existence de l'un en face de l'autre. Plus de moi, plus de paysage, juste l'émerveillement, comme à l'état pur. Bien sûr cet état ne dure pas : très vite, la pensé se remet en marche, la sensation revient d'être enfermé dans les limites d'un corps, et la séparation se reconstruit à nouveau. Mêmes types d'expériences lorsque je suis pris par un spectacle, quel qu'il soit, ou lorsque j'obtiens une chose que je désirais fortement : dans tous les cas, cet état de non séparation, d'indifférenciation avec le monde, qui est aussi suspension du mental, dure à peine quelques secondes...
Il nous est donné assez régulièrement de vivre ces expériences de non-dualité. Mais comment faire en sorte qu'elles durent, ou se reproduisent plus souvent ? Il convient tout d'abord de préciser : nous ne sortons jamais de ces expériences (si on peut encore parler d'expérience, ou d'état, alors qu'il n'y a plus personne pour expérimenter, et plus rien à expérimenter...), elles constituent notre nature même et se situent en dehors de la durée ; la meilleure preuve en est que le temps semble se suspendre durant cet émerveillement, qui a la saveur de l'éternité. Simplement, nous oublions ces instants, ils échappent à notre conscience ordinaire. Que faire alors pour ne pas les laisser fuir ? Il n'y a surtout rien à faire, car avant l'éclosion du moindre germe d'action volontaire de ma part, la non-dualité, et l'éternité, et l'émerveillement sans sujet ni objet ont déjà disparu ! Il s'agit juste de les goûter lorsqu'ils se présentent ainsi, de les laisser impressionner ma conscience afin qu'ils déposent en moi leur incomparable parfum. Il suffit de m'arrêter un instant sur cette sensation fugitive, mais sans rien faire pour la retenir. Il suffit de la regarder passer. C'est alors que la lumière a commencé de dissiper les ombres. Une fois dans la place, elle ne peut cesser de croître.
Ne t'es-t-il jamais arrivé de te trouver devant un paysage qui te "coupe le souffle", en face duquel tes pensées semblent se suspendre : dans ces situations, n'as-tu pas remarqué qu'il n'y avait plus de perception d'un paysage par une conscience, plus de séparation entre un observateur et un observé, pas même d'existence de l'un en face de l'autre. Plus de moi, plus de paysage, juste l'émerveillement, comme à l'état pur. Bien sûr cet état ne dure pas : très vite, la pensé se remet en marche, la sensation revient d'être enfermé dans les limites d'un corps, et la séparation se reconstruit à nouveau. Mêmes types d'expériences lorsque je suis pris par un spectacle, quel qu'il soit, ou lorsque j'obtiens une chose que je désirais fortement : dans tous les cas, cet état de non séparation, d'indifférenciation avec le monde, qui est aussi suspension du mental, dure à peine quelques secondes...
Il nous est donné assez régulièrement de vivre ces expériences de non-dualité. Mais comment faire en sorte qu'elles durent, ou se reproduisent plus souvent ? Il convient tout d'abord de préciser : nous ne sortons jamais de ces expériences (si on peut encore parler d'expérience, ou d'état, alors qu'il n'y a plus personne pour expérimenter, et plus rien à expérimenter...), elles constituent notre nature même et se situent en dehors de la durée ; la meilleure preuve en est que le temps semble se suspendre durant cet émerveillement, qui a la saveur de l'éternité. Simplement, nous oublions ces instants, ils échappent à notre conscience ordinaire. Que faire alors pour ne pas les laisser fuir ? Il n'y a surtout rien à faire, car avant l'éclosion du moindre germe d'action volontaire de ma part, la non-dualité, et l'éternité, et l'émerveillement sans sujet ni objet ont déjà disparu ! Il s'agit juste de les goûter lorsqu'ils se présentent ainsi, de les laisser impressionner ma conscience afin qu'ils déposent en moi leur incomparable parfum. Il suffit de m'arrêter un instant sur cette sensation fugitive, mais sans rien faire pour la retenir. Il suffit de la regarder passer. C'est alors que la lumière a commencé de dissiper les ombres. Une fois dans la place, elle ne peut cesser de croître.
Re: l'écoute
un grand merci, cher Viator, pour ton témoignage.
Il me permet de mieux appréhender mes propres expériences fugitives de non-dualité.
Je croyais au fond qu'il y avait deux façons nettement séparées de vivre et de ressentir le monde, non duelle ou duelle. Avec les chanceux baignant en permanence dans la non-dualité et les autres, coupés de cette possibilité.
Il me permet de mieux appréhender mes propres expériences fugitives de non-dualité.
Je croyais au fond qu'il y avait deux façons nettement séparées de vivre et de ressentir le monde, non duelle ou duelle. Avec les chanceux baignant en permanence dans la non-dualité et les autres, coupés de cette possibilité.
Re: l'écoute
... cela signifie-t-il qu'on ne doive pas penser, ou que la pensée soit une "erreur" ?
Re: l'écoute
On ne doit surtout pas rien du tout, cher domino, et la pensée, lorsqu'elle survient en moi, est une expérience tout aussi susceptible qu'une autre de provoquer cet émerveillement sans sujet ni objet dont je parlais. L'erreur consiste simplement à croire que c'est moi qui pense, que la pensée soit produite en moi et issue de moi ? alors qu'en réalité, elle ne fait qu'apparaître en moi, que jaillir à travers moi, au même titre que le paysage sublime ou le concert inoubliable. Accueillir la pensée qui me vient, et m'en émerveiller, comme de tout ce qui vient à l'existence, tout ce qui apparaît à ma conscience : c'est alors que ces pensées seront en parfaite complicité avec le monde, autrement dit qu'elles seront justes, ou appropriées. Ou "objectives". Bientôt il n'y aura plus de séparation entre conscience qui pense ou qui perçoit, pensée qui semble venir de l'intérieur, et objet qui semble frapper mes sens à l'extérieur.
Re: l'écoute
...Oui, chère Marion, tout cela est somme toute quelque chose d'assez simple, aussi bien à comprendre qu'à vivre... Chaque situation traversée est riche de cet "émerveillement", même s'il est vrai qu'il n'apparaît pas très souvent à ma conscience ordinaire. Et pourtant la lumière est là, tout au fond, qui ronge inexorablement l'obscurité, qui vide minutieusement mon moi de la substance à laquelle il cherche désespérément à se raccrocher, comme le naufragé qui ne veut lâcher la bouée que la mer digère petit à petit, sans voir qu'il est tout à fait capable de nager, parce qu'il est de la même nature que l'eau qui l'environne ! Souvent l'émerveillement, ou plutôt la conscience ordinaire de cet émerveillement disparaît, certes, mais il suffit d'une seule rencontre avec l'éternité ? tel paysage inoubliable, tel cadeau inespéré, tel enfant qui me souris ? pour que jaillisse la certitude de mon installation pérenne et définitive dans cette éternité. Exactement comme les nuages qui alourdissent le ciel ne me font plus douter de l'existence du soleil. Les nuages ne sont d'ailleurs pas ce qui me cache le soleil : à vrai dire, me faisait remarquer dernièrement mon ami Thierry Vissac, ils ne sont qu'une autre forme de la lumière du soleil.
Il y a aussi toutes ces situations où la conscience de l'émerveillement est obstinément absente. "Je me sens en non-dualité avec le monde entier, disait Arnaud Desjardins, sauf avec ma belle-mère". Boutade révélatrice ! C'est précisément au fond de ces situations difficiles que nous attend l'éblouissement, et le définitif lâcher prise d'avec ce misérable morceau de bois qui nous sert de bouée...
...Ou la dernière vague qui le pulvérisera. Du moins la dernière pour nous, qui ne sommes maintenant plus qu'un avec l'océan, car la mer ne cesse jamais sa danse éternelle avec la lune et le vent.
Il y a aussi toutes ces situations où la conscience de l'émerveillement est obstinément absente. "Je me sens en non-dualité avec le monde entier, disait Arnaud Desjardins, sauf avec ma belle-mère". Boutade révélatrice ! C'est précisément au fond de ces situations difficiles que nous attend l'éblouissement, et le définitif lâcher prise d'avec ce misérable morceau de bois qui nous sert de bouée...
...Ou la dernière vague qui le pulvérisera. Du moins la dernière pour nous, qui ne sommes maintenant plus qu'un avec l'océan, car la mer ne cesse jamais sa danse éternelle avec la lune et le vent.
Re: l'écoute
Sans doute sommes nous traversés par tous ces états de conscience, émerveillements, ombres, lumières, comme autant de vibrations subtiles, changeantes, mais qui forment une seule onde....
Toutes ces vibrations qui nous façonnent, multiples mouvements infimes, peuvent aussi, qui sait, être perçues comme immobilité, sommes de tous les mouvements.....
Dualité et non dualité sont l'une dans l'autre?
Toutes ces vibrations qui nous façonnent, multiples mouvements infimes, peuvent aussi, qui sait, être perçues comme immobilité, sommes de tous les mouvements.....
Dualité et non dualité sont l'une dans l'autre?
Re: l'écoute
C'est très juste, chère Mélusine... Les bouddhistes disent : Samsara et Nirvana sont la même chose. Lorsqu'on a vu cela, il n'y a plus jamais de problème !Mélusine a écrit : Dualité et non dualité sont l'une dans l'autre